Angoulême : Ma Campagne, star du film de Sonia Rolland

Le film Miss France 2000 n’est pas un biopic mais est bien inspiré de sa propre histoire. D’où le choix d’immortaliser Ma Campagne. Le réalisateur a voulu raconter « la solidarité d’un milieu populaire », comme celui sur lequel elle a grandi, expliquait-elle début novembre. Dans le quartier, il a trouvé tout ce qu’il cherchait. « Tout le monde a assisté à cette séance photo, dit Nadine Doucet. On pouvait venir manger avec l’équipe, on avait des discussions avec les techniciens, les comédiens… Ce sont des rencontres extraordinaires et très simples. Nous avons forgé des liens. »
Un appartement entièrement rénové
Il a fallu cette confiance pour que la résidente accepte de laisser les clés de son appartement. « Quand je suis revenu là-bas après leur travail, je me suis dit : ‘ce n’est plus ma maison' ». Papier peint changé, parquet enlevé, nouveau mobilier, nouvelle déco… « C’était un travail énorme ! Mais ça a été un peu dur au début – j’ai tout refait dans cet appartement – même si l’équipe est restée très à l’écoute et je sais qu’ils vont tout refaire à l’identique. » Il rentrera chez lui mercredi prochain. « Ce qui est sûr, c’est que je ne regarderai plus jamais un film de la même manière. C’était toute une aventure. »
Hébergé sur le plateau d’Angoulême pendant les travaux, il fut, dès que possible, proche du tournage. « Tout le quartier a participé, du mieux qu’il a pu. » Et l’équipe veut lui rendre la pareille. « Le mobilier de tournage sera donné à ceux qui le voudront »exulte Nadine Doucet.
Nadine Doucet, sur le balcon de son appartement qui a servi de lieu de tournage.
Photo Quentin Petit
De l’autre côté de la place, l’épicerie sociale était aux premières loges pour le tournage et le ballet des camions. « Ils étaient installés juste devant nous, et sur le côté, racontent Annick Carolus et Brigitte Blanc, les présidentes du collectif Solidarité, en charge de l’épicerie. Et ils utilisent aussi une partie de nos locaux. » Deux de leurs salles ont été transformées en espaces coiffure, maquillage et costumes. Il ne restait qu’un camion ou deux et un barnum ce vendredi-là. Le tournage devrait se terminer mardi. « Pendant un moment, nous avons dû nous serrer les coudes, mais ça allait, reprendre les présidents. C’est un joli coup de projecteur sur le quartier. Nous démontrons que nous ne sommes pas une zone urbaine sans intérêt. »
Des habitants devant la caméra
A l’honneur aussi les habitants, qui ne se sont pas contentés d’échanger avec l’équipe, entre deux prises ou en fin de journée. Certains seront même au générique du film de Sonia Rolland. Comme Smaïn, qui a même motivé les jeunes de la MJC Louis-Aragon à passer le casting. Normal pour quelqu’un qui y était présentateur il y a peu de temps. « Ils ont détenu cinq d’entre nous pour figuration, exulta le jeune homme. Et j’étais également en charge de la sécurité des camions et du matériel le soir. » Une belle opportunité, au sein d’une équipe « vraiment sympa. Nous avons rencontré beaucoup de monde, également du quartier. Cela restera un très bon souvenir. » Même si l’avenir s’annonce plus sombre. « Aujourd’hui, la MJC ferme… Il y a quelque temps, c’était l’équipe de foot… C’est dur. Là, au moins, Ma Campagne a repris. Et on prouve que le quartier est un vrai lieu de tournage. »
Nous redonnons vie au quartier. Il s’avère que c’est un véritable lieu de tournage.
L’ancienne Miss France Sonia Rolland réalise un téléfilm inspiré de son histoire.
Photo Julie Desbois
Le visage est souriant, le discours est sérieux. Comme lorsqu’on l’interroge sur les dernières semaines. « Je suis lié par le secret professionnel ! dit-il en se redressant. Mais c’est un très bon film, je le recommande. » Tant qu’il n’est pas sorti, nous n’en saurons pas plus. Les habitants du quartier de Ma Campagne ont promis Sonia Rolland. Ils savent garder des secrets.