« C’est de la cruauté » : Ces parents effrayent volontairement leurs enfants en costume du Grinch

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Jim Carrey dans le rôle du Grinch qui décide de gâcher Noël.
TIKTOK – Parmi les créatures populaires de Noël, le Grinch se démarque. Parce qu’il est grincheux, couvert de fourrure verte et qu’il a décidé de gâcher la fête en volant des cadeaux sous le sapin. Mais aussi, plus récemment, parce qu’il est utilisé sous couvert d’humour par les parents pour effrayer leur progéniture sur TikTok. Pour le plus grand malheur des enfants.
Le Grinch a été inventé par Theodor Seuss Geisel dans le livre Le Grinch qui voulait gâcher Noël avant d’être adapté à l’écran par Ron Howard en 2000, avec Jim Carrey dans le rôle-titre, devenant un classique du film de Noël. Sur TikTok, le succès est aussi au rendez-vous pour ce croquemitaine aux cheveux verts : la recherche « Grinch prank » totalise près de 7 milliards de vues !
Les nombreuses vidéos montrent le même scénario : un adulte entre par surprise dans la maison, vêtu du costume de la créature, avant de voler les cadeaux sous le sapin à la vue des enfants. Des cris, des larmes et des rires chaleureux des parents et des proches ont suivi.
« C’est de la cruauté. Et la cruauté fait partie de la violence éducative normale. il est outré Catherine Verdier, psychologue et thérapeute pour enfants et adolescents, contactée par Le Huffpost. « C’est de la violence intra-familiale contre les enfants. Je pense que nous n’avons pas le droit de rire à leurs dépens. »
Des conséquences sérieuses
Le psychologue s’en prend alors aux parents et aux réseaux sociaux : « C’est un peu compliqué de leur part. TikTok est un terrain de jeu non surveillé où chacun peut lâcher ce qu’il veut publier. Les réseaux sociaux ont ce côté pervers où les parents veulent montrer leurs enfants sans en mesurer les conséquences. »
Pourquoi ceux-ci peuvent être importants : « Beaucoup de gens disent que ce n’est pas grave, il ne s’en souviendra pas dans quelques années. Ce n’est pas vrai. Toute action néfaste est imprimée dans le cerveau de l’enfant qui est en construction. »
À court et moyen terme, les enfants auront « cauchemars, troubles du sommeil et peurs ». Il y a des chances qu’ils le soient « hypervigilance »De « saute souvent » et pas « ils ne voudront plus quitter la maison ».
« Les enfants peuvent avoir peur de ce que les autres vont leur faire, surtout à l’école », selon Catherine Verdier. A très long terme, c’est tout le contraire : « Ils ne voudront pas que leurs enfants vivent ce qu’ils ont vécu. »
« Ne leur imposez pas ces chiffres »
Face à de telles vidéos, se pose également la question des limites de l’utilisation de figures folkloriques horrifiques dans l’enseignement de la peur aux enfants. Des chiffres qui peuvent aussi être très utiles : « Ils permettent aux enfants d’identifier ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, car le mal ne fait généralement pas de bonnes actions. Ces figurines servent aussi à faire travailler l’imagination des enfants, à surmonter leurs peurs et à s’adapter. »
Ces personnages se retrouvent généralement dans des livres, des films ou des nouvelles. Mais « Il n’est pas nécessaire de forcer les enfants à regarder s’ils ont peur. Nous ne leur lirons pas non plus « Blanche-Neige » tous les soirs s’ils en ont peur. Et surtout on ne forcera pas un enfant à avoir peur d’en rire »insiste Catherine Verdier.
« Les histoires, on les lit, on les montre à la télé. On leur dit que ce n’est pas la réalité. Mais dans les vidéos postées sur TikTok, le Grinch est mis en scène dans un espace sûr, la maison. « Cela correspond à leur réalité. C’est là que ça devient cruel. »
À votre avis, « Il ne faut pas exclure complètement ces chiffres, mais il ne faut pas les imposer » parce que c’est « Les enfants fixent leurs propres limites ». Le seuil de la peur selon le psychologue ? « Quand les enfants demandent ces histoires. D’accord, c’est pour apprivoiser sa peur. »
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