En 2022, les séries se ressourcent du côté du cinéma

Cela fait deux ou trois ans que nous attendons de pouvoir l’écrire, alors ne cachons pas notre satisfaction : 2022 a été une très bonne année pour les séries, tant au niveau de la quantité, qui devient vraiment ingérable, même pour les personnes dont c’est du travail, seulement de la qualité, qui ne cesse d’augmenter.
La première bonne nouvelle est que si la série a toujours eu ses propres auteurs, désormais elle s’appuie de plus en plus souvent et ouvertement sur le côté cinématographique. La plus belle série de l’année est donc la suite, en huit épisodes, d’un petit film indépendant devenu culte après sa sortie en 1996. Et ce sont les Américains de HBO Max et A24 qui ont donné au Français Olivier Assayas le budget qui il n’avait pas eu au milieu des années 90 pour faire revivre Irma Vep dans cette mise en abyme, luxueuse et mélancolique, sur l’écartèlement d’un cinéaste entre le petit et le grand écran, entre ce qu’il a réalisé et ce qu’il lui reste à faire.
Aux États-Unis, où les frontières entre les formats sont poreuses, Michael Mann et Tim Burton ont sauté le pas cette année. Le premier n’a signé que le pilote de vice tokyo, mais cela a suffi à donner une patine particulière à cette élégante fresque urbaine, tirée de l’histoire de Jake Adelstein sur la mafia japonaise. La seconde a pris tout le monde par surprise Mercredile spin-off espiègle de La famille Addams signé Netflix, dont on n’attendait pas forcément grand-chose.
En France, Katell Quillévéré et Hélier Cisterne ont préféré la série au long métrage pour filmer les débuts du groupe NTM, et du hip-hop plus généralement, en France. Séquences en extérieur, multiplication des points de vue et plans… Le monde de demain repousse largement les limites de l’écran de télévision.
Annulations en cascade
Enfin, la série française respire, comme en témoigne le grand nombre de productions françaises qui se sont hissées au sommet en fin d’année. Difficile de ne pas mentionner la deuxième saison deEn thérapie, qui montre l’excellent niveau auquel peuvent se targuer les bureaux d’écriture français. Il est également impossible de ne pas mentionner OVNI(s)le fantasme surnaturel de Canal+, brusquement annulé après une deuxième saison, peut-être moins surprenante que la première, mais plus poétique.
La pénalité a été plus rapide pour Amusant, la série Fanny Herrero développée pour Netflix. Malgré un sujet fédérateur – la scène cabaret parisienne – des acteurs au charisme fou et d’excellentes critiques, la série, qui est quand même ce que Netflix a su faire de mieux en français, n’a pas été renouvelée. Ces annulations en cascade semblent trahir l’ambivalence des diffuseurs et des producteurs sur des choix qui devraient être audacieux, mais s’avèrent finalement dictés par le public.
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