La mort de Claude Gérard, figure emblématique du cinéma indépendant parisien

Figure emblématique de l’exploitation parisienne, propriétaire de l’Espace Saint-Michel (5Et arrondissement), cinéma indépendant à deux écrans, Claude Gérard est décédé le 24 janvier à Paris à l’âge de 77 ans. L’exposant a voulu programmer des films engageants, ouverts sur le monde et donner vie au débat d’idées. Il a dû vivre toute sa vie dans la capitale, où il est né le 31 janvier 1945, à l’exception de quelques périodes passées au Sénégal, où il a fait son service militaire (une collaboration).
Même son adresse parisienne n’a pas changé : c’était celle du cinéma, 7, place Saint-Michel, une histoire familiale qui remonte à la fin du XIXe siècle.Et siècle. A l’origine, en 1880, le lieu était un restaurant – un « Bouillon » – tenu par Victor Gandon. Peu à peu, il sentit le vent tourner. Le cinéma prend son essor et Gandon transforme l’espace en salle de projection, avec balcon : le Cinéma Saint-Michel ouvre ses portes en 1911. Il est transmis en 1918 au mari de la petite-fille de Victor Gandon, Gaston Gérard, grand-père de Claudio. Fils de Gaston, Jean Gérard reprend les rênes en 1947, puis les confie en 1986 à son fils Claude.
Claude Gérard avait cependant commencé une autre carrière. Après le collège (Montaigne) et le lycée (Louis-le-Grand), il entre à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales (HEC), fonde une société de conseil et enseigne la comptabilité à l’Université Paris-Dauphine. Grand sportif, il a également pratiqué le volley à haut niveau. Mais le cinéphile qu’il était, dès son plus jeune âge – après les cours, il se précipitait dans la chambre noire -, il n’hésitait pas à reprendre le flambeau de l’exploitation.
Un rituel quotidien
Ses proches décrivent un homme qui n’a jamais baissé les bras, même lorsque le cinéma a pris feu dans la nuit du 22 au 23 octobre 1988 : des intégristes catholiques avaient alors mis le feu au théâtre pour protester contre la programmation de La dernière tentation du Christ (1988), de Martin Scorsese – treize personnes ont été blessées. Le cinéma rouvre trois ans plus tard, en 1991, avec un nouveau nom, Espace Saint-Michel, pour symboliser un lieu de vie et de liberté d’expression – avec des bars, des concerts et surtout des débats qui, depuis quelques années, sont retransmis en direct. sur une chaîne YouTube.
Claude Gérard a passé sa vie ou presque dans son cinéma, même s’il n’a jamais failli à son rituel quotidien, traversant le boulevard Saint-Michel pour acheter son journal au kiosque. Bricoleur, il déléguait peu, il faisait les « comptes » de l’entreprise, il réparait l’électricité ou les fuites à la cave (fréquentes, du fait de la proximité de la Seine) en bleu de travail.
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