Film

« Les Cyclades », de Marc Fitoussi : une comédie binaire pleine de clichés

L’AVIS « DU MONDE » – QUE NOUS POUVONS ÉVITER

Il y a des musiques de Marc Fitoussi, qu’on aimerait qualifier du terme très rebattu de « douce folie ». Une apparente pudeur des gestes qui cache de beaux portraits de femmes, de Bovary contemporaines qui décident de prendre une tangente, d’écrire une vie loin des sentiers battus – on évoque Détective pauline (2012) et ses deux films avec Isabelle Huppert, Copacabana(2010)Et Le refrain(2014), qui a montré une compréhension intime de l’ADN de l’actrice.

C’est donc avec entrain que nous nous aventurons Les Cyclades : adolescentes, Blandine (Olivia Côte) et Magalie (Laure Calamy) étaient les meilleures amies du monde, une amitié scellée autour de leur passion pour Le grand bleu. Trente ans plus tard, ils se sont perdus de vue et le fils de Blandine organise une réunion de vieux amis pour remonter le moral de sa mère récemment divorcée.

Mais l’eau est passée sous les ponts et la complicité a eu le temps de se transformer en incompréhension : à l’infaillible pétulance de Magalie répond l’amertume presque houellebecquienne de Blandine. On sait ce qui s’est passé ensuite : deux femmes opposées vont, non sans accroc et grâce à un voyage dans les îles grecques, confronter leur vision des vacances et de la vie avant de redécouvrir douloureusement leur lien ancien.

Parcours pseudo-libertaire

Les Cyclades recycle une vieille toile de BD sans chercher à la sublimer, partant de clichés pour arriver à… des clichés. S’écartant de sa finesse habituelle de scénariste, Marc Fitoussi considère ici le féminin sur un mode binaire : Magalie, modèle de la folle, jamais sans son décolleté et sa bonne humeur (Laure Calamy en régime exagéré) et Blandine (Olivia Côte, prisonnière du registre des « vieilles filles » dont on voudrait la libérer), celle coincée dans une doudoune sans manches sous les 30 degrés et qui n’a qu’à « prendre une bouffée » et fumer un bon joint pour enfin voir la vie en la lumière du soleil – c’est-à-dire comme Magalie. Entre les deux, Kristin Scott Thomas, une femme âgée libérée sexuellement, n’apporte aucune nuance à ce périple pseudo-libertaire qui se termine sur des patins à roulettes.

L’objet est irritant en ce qu’il ne cherche jamais à nous faire oublier qu’il fantasme comme une comédie populaire qui brade tous ses effets et mise sur la facilité. Pour expliquer un tel désastre par un cinéaste qui nous a habitués au mieux, on hésite entre paresse et cynisme. Probablement un peu des deux.

Film français de Marc Fitoussi. Avec Laure Calamy, Olivia Côte, Kristin Scott Thomas (1h50).

Simon

Je m'appelle Simon et je suis responsable de la section cinéma de vipcom. Père de deux enfants et grand amateur de propositions cinématographiques inhabituelles. Je pense que si l'on veut faire un bon film, il faut être passionné et savoir donner vie à sa vision. Mais j'aime aussi rêver de temps en temps - il est important de rester créatif !

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