Les sorties cinéma de la semaine : « Avatar », « Poet », « Corsage », « Les Années super-8 », « In Viaggio »…

LA LISTE DU MATIN
On dit souvent que les extrêmes se heurtent et c’est ce qui se passe avec les sorties de cette semaine. D’un côté, Avatar : la voie de l’eau, le deuxième volet très attendu de la saga technologique de James Cameron, où l’armée des effets spéciaux est utilisée pour recréer un Eden naturel menacé. L’autre, poète, un film sobre et retenu du maître kazakh Darezhan Omirbaev, qui s’inquiète de l’avenir de la poésie avec une remarquable économie de moyens. De l’artillerie lourde à l’artisanat, cependant, une histoire similaire de résistance à l’ordre mondial émerge. Parfois, David et Goliath regardent dans la même direction.
« Poète » : la solitude des muses
Ici, un film kazakh ! Dont le protagoniste, comme si cela ne suffisait pas, est un poète. Son réalisateur, Darezhan Omirbayev, leader d’une Nouvelle Vague kazakhe apparue dans les années 1990, n’a réalisé que cinq longs métrages en trente ans. Mathématicien expert, érudit raffiné, disciple de Robert Bresson, cet homme admirable distille dans son œuvre une animosité fondamentale envers la dérive néolibérale des sociétés post-soviétiques.
L’action se déroule dans deux plans parallèles. Ici et maintenant, le destin de Didar, trench-coat mastic et mocassins usés, poète sans le sou, père, journaliste par nécessité. Et, deux siècles plus tôt, celle de Makhambet Utemisov (1804-1846), grande figure de la littérature kazakhe et compagnon du héros nationaliste Isatay Taymanov (1791-1838), qui, en 1836, se révolta à la fois contre le pouvoir impérialiste russe et contre celui de ses copains indigènes. Le film raconte leur double solitude, leur conscience d’avoir si peu de poids face à l’annulation de leur culture, emportée par le langage des empires et par la folie furieuse du consumérisme. Jacques Mandelbaum
Film kazakh de Darezhan Omirbayev. Avec Yerdos Kanayev, Gulmira Khasanova, Klara Kabylgazina (1h45).
« Les années Super-8 » : l’archéologie en écriture
Devant la caméra super 8, arrivée dans les foyers bourgeois dans les années 70, on ne pouvait que se réjouir. Il fallait bien paraître devant l’objectif car, le plus souvent, il s’agissait de capturer des moments particuliers et évocateurs, vraisemblablement heureux : un anniversaire, une fête de Noël, un voyage en mer… Ces images d’un bonheur apparent , sous forme de film muet, forment la matière du long métrage co-réalisé par Annie Ernaux et son fils David Ernaux-Briot, Les années Super-8.
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