Film

Lyna Khoudri : «Au cinéma, les meilleurs partenaires sont aussi les pires»

L’actrice est le protagoniste nos frères, de Rachid Bouchareb, sur la mort tragique de deux garçons français d’origine algérienne, dont Malik Oussekine, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Un film auquel l’actrice est très attachée.

Devenue incontournable du cinéma français, l’actrice de papiche et de Novembre est présent dans nos frères, de Rachid Bouchareb. Le réalisateur raconte les enquêtes suite à la mort tragique de deux garçons français d’origine algérienne, dont Malik Oussekine, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Un film dans lequel Lyna Khoudri est très impliquée.

Madame Figaro.- Travailler avec Rachid Bouchareb…
Lyna Khoudri.- C’est un rêve devenu réalité : je suis un grand fan. Quand il m’a raconté le destin tragique de Malik Oussekine, que je ne connaissais pas, j’ai tout de suite pensé que son histoire devait être racontée. Ce qui s’est passé en 1986 résonne très fortement avec ce qui peut arriver aujourd’hui, le racisme causant toujours la mort d’innocents. Trente ans plus tard, nous luttons toujours pour nos droits, pour que justice soit faite.

Qu’est-ce que je partage avec mon personnage ?
Comme la sœur de Malik, que j’interprète, j’ai un petit frère dont je suis très proche : du coup je me suis beaucoup projetée dans ce rôle. Mon personnage et moi ne vivons évidemment pas le même quotidien, mais, comme moi, elle est au début de sa vie d’adulte, en pleine construction. Il traverse également une épreuve que nous redoutons tous : la perte violente d’un être cher. Je ne pouvais qu’empathie.

Comme la soeur de Malik, que je joue, j’ai un petit frère dont je suis très proche

Lyna Khudri

Les meilleurs et les pires partenaires ?
Les meilleurs sont aussi les pires. Ce sont eux avec qui j’ai une grande complicité. On se remonte le moral, mais paradoxalement, on a parfois du mal à rester concentré, à éviter les fous rires. Je pense par exemple à François Civil, avec qui j’ai récemment tourné Les trois Mousquetaires, ou à Samir Guesmi, mon associé dans Nos frères.

À quoi est-ce que je pense quand je me regarde dans le miroir le matin ?
N’importe quoi. C’est l’heure de mon réveil : je mets de la musique et j’émerge lentement.

Parler de moi en promo est-il un travail ingrat ?
Oui ! On fait ce travail pour faire passer les autres en premier, mais dans la promotion c’est notre vie qu’on nous demande de raconter. C’est contradictoire. Parfois, nous en avons marre de répéter les mêmes choses. Mais j’essaie de le rendre joyeux, parce que nous, acteurs, avons beaucoup de chance de faire ce métier.

Languette en bois ou languette trop lâche ?
Je pense que je peux trouver l’équilibre : je n’ai pas encore fait de grosses erreurs dans l’interview. j’espère que ça va durer !

« Je pense que j’en ai déjà trop dit »

L’argument qui me fait perdre la tête ?
Ce sont plutôt les raccourcis qui m’agacent : quand on essaie de me mettre dans une case ou d’utiliser mes mots à des fins politiques. Mon père est journaliste à la télévision et m’a appris à penser à l’information. J’ai parfois l’impression que le journalisme, dans sa forme la plus noble, est sur le point de disparaître. La recherche de buzz et de controverse l’emporte sur l’analyse et la nuance.

La question que je crains ?
Tout sur ma vie privée. Je pense que j’ai déjà trop parlé de ma famille lors de mes premiers entretiens. Mais c’était une façon presque inévitable de raconter mon parcours, d’où je viens.

Qu’est-ce que j’aime qu’on dise de moi ?
J’aime qu’on remarque le travail fourni.

À quand remonte la dernière fois où j’ai été fier de moi ?
Je viens de passer trois semaines au Maroc pour un single mis en scène, une création avec Pascal Rambert que je jouerai en février aux Bouffes du Nord à Paris. C’est un monologue de vingt pages intitulé perdre la bourse. J’ai commencé les répétitions en larmes, je pensais sincèrement que je n’y arriverais pas. Voir dans les yeux de Pascal que je lui donnais ce qu’il attendait et entendre les applaudissements après les trois représentations m’a rassuré.

Que vais-je faire après cet entretien ?
Une séance d’hypnose pour essayer d’être mieux aligné et essayer d’arrêter de fumer.

Simon

Je m'appelle Simon et je suis responsable de la section cinéma de vipcom. Père de deux enfants et grand amateur de propositions cinématographiques inhabituelles. Je pense que si l'on veut faire un bon film, il faut être passionné et savoir donner vie à sa vision. Mais j'aime aussi rêver de temps en temps - il est important de rester créatif !

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