Nos critiques de «Rabiye Kurnaz contre George W. Bush», «Une femme indonésienne» et «le Parfum vert»
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Mère turque qui jongle entre enfants et tâches ménagères dans un pavillon de Brême, Rabiye Kurnaz a vu son quotidien exploser en 2001 lorsqu’elle a appris l’arrestation au Pakistan de son premier-né, soupçonné de vouloir rejoindre le djihad et détenu sans preuves à Guantánamo. Le film d’Andreas Dresen raconte le combat acharné et plutôt burlesque de Rabiye pour obtenir la libération de son fils, qui subira une attaque directe du président George W. Bush. Si l’histoire est authentique et le sujet plutôt salé – on parle encore de détention abusive avec actes de torture – le cinéaste allemand a choisi de l’aborder d’une manière étonnamment légère, voire franchement comique. Le ton et l’énergie sont parfois à la limite du théâtre de boulevard qu’on pourrait à peine sourciller si des rires en boîte ponctuaient les blagues. Elle a le mérite d’être inattendue et surtout de mettre en lumière une actrice principale inestimable : Meltem Kaptan, ours d’argent de la meilleure prestation à la Berlinale 2022. Extension LJB
Rabiye Kurnaz contre George W. Bush d’Andreas Dresen avec Meltem Kaptan, Alexander Scheer… 1h59.
Au sujet des secrets que les femmes cachent dans leurs fesses, Une femme indonésienne c’est un film d’une sophistication presque charnelle, tout en langueurs et bruissements évocateurs deHumeur d’amour par Wong Kar-wai. Nana, belle et discrète épouse d’un homme riche dans l’Indonésie des années 1960, est une maîtresse de maison en perpétuelle représentation, qui règne sur un paradis aux faux airs d’éternité. Hantée par les souvenirs de la guerre qui lui a enlevé son premier mari, elle tolère dignement les farces de son mari et se lie même d’amitié avec l’une de ses maîtresses. A l’extérieur, de graves tensions politiques grondent en arrière-plan (la future répression des sympathisants communistes lors d’une purge sanglante en 1965). Kamila Andini, 36 ans, s’inspire de l’expérience de sa grand-mère pour évoquer les humiliations silencieuses d’une génération de femmes, privées d’horizon d’émancipation. Cette délicatesse chuchotée, glissant des arrangements floraux au papier peint, est peut-être aussi sa limite fétichiste, mais elle marque la marque d’un jeune réalisateur à suivre. N / A
Une femme indonésienne de Kamila Andini avec Happy Salma, Laura Basuki, Rieke Diah Pitaloka… 1h43.
Après le grand jeu puis Alice et le maire, Nicolas Pariser cite les premiers livres de Tintin et les comédies d’espionnage britanniques d’Alfred Hitchcock comme deux sources d’inspiration pour ce film sur une sombre histoire de manipulateurs ténébreux dirigés par un riche Russe et sur le point de prendre parti en Europe à travers l’étrange médium du théâtre. En effet, la pieuvre manipulatrice qui entend répandre de fausses nouvelles et le désir d’extrêmes dans l’opinion publique européenne n’a rien trouvé de mieux que la bonne vieille Comédie-Française pour s’infiltrer discrètement dans nos démocraties souffrantes. Le réalisateur se donne pour tâche de rendre plausible l’improbable et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il échoue. L’association désinvolte de Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain n’est pas une mauvaise idée de casting en soi, mais évidemment, la vivacité qui aurait dû insuffler à l’histoire reste une bonne humeur un peu forcée tout du long. Prolongation DP