Redoutée par Kubrick, vénérée par Tarantino… La plus acerbe des critiques au cœur d’un documentaire passionnant

Le plus redouté des critiques de cinéma au centre d’un documentaire captivant à voir en salles : Qui a peur de Pauline Kael, réalisé par Rob Garver.
Critique de cinéma new-yorkaise de longue date, Pauline Kael a lutté tout au long de sa carrière pour faire sa marque. Une personnalité toute brillante, pleine d’une confiance en soi inébranlable, un passé complexe, mais surtout un amour profond pour l’art et le cinéma.
Les documentaires dédiés aux critiques de cinéma sont rares, et encore plus rares lorsqu’il s’agit de critiques de cinéma féminines. Celui-ci, dédié à Pauline Kael, est donc une pépite, à ne pas manquer !
Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant c’est l’une des plumes les plus connues, mais surtout les plus redoutées des Etats-Unis. Le documentaire Qui a peur de Pauline Kael, en salles ce mercredi, revient longuement sur la trajectoire fascinante de cette signature, principalement issue du New Yorker, qui a débuté dans les années 1950 et s’est éteinte en 2001. Le film réalisé par Rob Garver retrace quelques-unes des les exploits de cette femme redoutée et admirée !
Pauline Kael a poussé tes sentiments
Parmi ses fervents followers figure un certain Quentin Tarantino. Il a dit ceci à son sujet :Les critiques de Pauline Kael étaient ma seule école de cinéma« . Pourquoi cette affirmation ? Tout simplement parce que cette critique avait un sens de l’observation et de la mémoire assez incroyable, et pouvait, de ce fait, vous faire voir un film très différemment.
« Dans mon film, Quentin Tarantino dit qu’il pointait régulièrement un défaut qu’on n’avait pas vu. Et vous avez dû admettre qu’il avait raison. Il a poussé vos sentiments. C’est ce qui a fait d’elle une écrivaine hors pair.», détaille Rob Garver dans une interview accordée à l’occasion de la sortie de ce film.
Et d’ajouter :Je vais te donner un exemple : 2001, une odyssée de l’espace. Je pense sincèrement que votre avis était injuste. Malgré ses imperfections, c’est un film révolutionnaire. Je suis d’accord avec elle que le discours, surtout à la fin, est confus, mais elle n’a jamais donné à Kubrick le crédit qu’il méritait. Elle n’était pas fan. Docteur Folamour c’est l’un de mes films préférés, mais il a dit qu’il avait des penchants trop libéraux. je ne suis pas d’accord avec elle.” Ses fans portaient même le surnom de « Paulettes » !
RD
La redoutable critique de cinéma Pauline Kael
Pauline Kael reste également célèbre pour avoir écrasé des réalisateurs très appréciés. Ce qui lui a également valu des lettres meurtrières ou un fort ressentiment ! Parmi les plus connus figurent Clint Eastwood et, comme le détaille le film, figurent Stanley Kubrick et le réalisateur de Lawrence d’Arabie David Lean. A noter également qu’il a aussi « sauvé » des films, témoignage de son influence à l’époque. C’est elle qui a rendu possible l’énorme succès de Bonnie and Clyde, qui au départ aurait pu rester un échec au box-office. Votre critique a eu le pouvoir de remettre ce film en lumière.
Il était moins pressé que tous ces critiques qui écrivent au second
Qui a peur de Pauline Kael a aussi l’avantage de stimuler la réflexion sur la pratique de la critique et son évolution. A une époque où tout va de plus en plus vite, ce doc parle d’elle comme d’une personne qui prend le temps de réfléchir et de prendre du recul : « il était moins pressé que tous ces critiques qui écrivaient en quittant la salle de projection, comme Roger Ebert ou Gene Siskel. (…) C’est grâce à cette longue période, et à son écriture d’autorité naturelle qu’il a construit sa puissance et sa notoriété. Mais je pense que ni la célébrité ni la publicité ne l’intéressaient. Il voulait bien écrire, faire entendre sa voix. C’est ce qui le rend si vivant. Ses phrases sont vivantes, son esprit et son cœur sont vivants, toujours, partout. Et quand les films n’étaient pas aussi bons, ses articles étaient souvent bien meilleurs. »
Qui a peur de Pauline Kael propose de nombreuses archives et témoignages inédits, comme Quentin Tarantino, Paul Schrader, John Boorman, David O. Russell (réalisateur d’Amsterdam, actuellement sur scène), ou encore la fille de Pauline Kael qui a beaucoup travaillé avec elle.