(Interview Yonhap) Youtubeur Laurent Caccia : «La passion de l’aventure et du partage avec authenticité et simplicité»

Séoul, 10 décembre (Yonhap) — Laurent Caccia est avant tout un grand voyageur. Le Français a parcouru une dizaine de pays d’Asie et d’Océanie avant de finalement décider de poser ses valises au pays de Matin-Clair. Aujourd’hui ce jeune père de famille, marié à une sud-coréenne, évoque sa vie à Séoul et surtout sa passion pour les voyages.
Le natif du Var est l’un des plus gros YouTubers français en Corée, où il est installé depuis 2018. Il compte près de 600 vidéos à son actif et plus de 277 000 abonnés sur sa chaîne qui existe depuis maintenant 10 ans. Il a également voyagé en Australie, au Japon, en Chine, en Inde, au Vietnam, en Thaïlande, à Hong Kong, à Taiwan et à Singapour. Il crée des vlogs sur ses aventures et se dit conquis par « la passion de l’aventure et du partage avec authenticité et simplicité ».
Tout a commencé à Fréjus le 1er avril 2013. A 27 ans, avec un copain de lycée, il décide de quitter la Provence pour « partir à l’aventure et recommencer une nouvelle vie ailleurs », confie-t-il dans un entretien accordé vendredi à le siège de l’agence de presse Yonhap. Profitant du programme vacances-travail, il choisit le bout du monde et s’envole pour l’Australie, avec une caméra GoPro Hero 3, à une époque où le vlogging n’existait pas encore en France.
« A Sydney, j’ai commencé à filmer mon aventure en postant tous les jours », raconte Laurent Caccia, youtubeur depuis 2012. « C’était juste une passion. Je voulais partager ce que je faisais. Il y avait très peu de contenu sur l’Australie. Mais après deux mois au pays des kangourous, les deux amis décident de refaire leurs valises pour s’aventurer dans une terre inconnue et plus vibrante : la Corée du Sud.
A Séoul, ils ont trouvé « sans vraiment le chercher, le dynamisme, la chaleur, la vie ». « Ça s’est fait tout seul, bien sûr. Nous n’avions aucun contact avec l’Asie, nous ne savions absolument rien de la Corée et, le 1er juin, nous avons atterri à Séoul », se souvient-il. « Depuis le premier jour, nous sommes fascinés par le pays et les habitants. »
« Nous avons passé un mois fantastique, nous avons rencontré des gens extraordinaires. C’était exactement ce que nous recherchions, l’ambiance, l’ambiance », poursuit-il. Seulement un mois, pour des raisons budgétaires. Ils ont été contraints de rentrer en France pour reconstituer leur capital, revenir et devenir des globe-trotters caméra au poing.
Pour Laurent Caccia, sa chaîne se caractérise par « la passion de l’aventure et de la découverte, l’ouverture sur le monde et le partage ». « Mes vidéos préférées à faire sont des vidéos d’exploration et de découverte, c’est-à-dire des vidéos dans lesquelles je vais présenter un lieu, une spécialité culinaire », précise-t-elle.
Cependant, il se considère plutôt comme un « entrepreneur » car, « pour vivre de YouTube, il faut avoir des millions de vues ». « En fait, c’est tout ce que je développe autour de ce qui me permet de vivre », explique-t-elle.
La pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) a mis un frein majeur à ses voyages à l’étranger, et la naissance d’un enfant il y a deux ans a changé le tableau de ses activités. Au cours de ces quelques années, il dit qu’il était plus dépendant des revenus que YouTube. Il a donc dû se concentrer sur des vidéos plus engageantes « que les gens veulent voir ».
Cependant, il insiste sur le fait que « je n’ai jamais accordé une importance fondamentale au nombre (nombre d’abonnés) ». « C’est plutôt grâce aux personnes qui m’envoient des messages que je me rends compte qu’il y a des gens qui me suivent. Mais c’est vrai, quand on y pense, c’est énorme. Ce n’était pas un objectif quand j’ai lancé ma chaîne. C’est arrivé avec le temps, petit à petit.
Par ailleurs, il estime que pour générer un revenu d’environ 2 000 euros par mois sur YouTube et grâce aux partenariats, il faut générer au moins 1 million de vues par mois. Dans son cas, les placements de produits ou de services sont généralement liés aux voyages et aux langues, comme pour les traducteurs et les applications linguistiques.
Son développement sur la plateforme de partage de vidéos lui a permis d’attirer des sponsors, ce qu’il n’accepte pas toujours, et de collaborer avec d’autres grands youtubeurs basés hors de Corée comme Jules en Asie et FastGoodCuisine.
Mais, avec la réouverture des frontières, Laurent Caccia entend reprendre ses « saisons » (séries de vidéos dans un pays précis) « avec passion et investissement », la dernière datant de 2019. Il avoue avoir une affection particulière pour le Japon, où réside son ami YouTuber Ichiban Japon, et Taïwan, pays d’accueil de son premier compagnon de voyage.
Parallèlement, il a d’autres activités comme l’organisation depuis 2016 de circuits sur mesure de deux semaines en Corée qu’il accompagne lui-même et qui sont réservés exclusivement à ses abonnés. Suspendus pendant la crise sanitaire, ces voyages reprendront au rythme de quatre groupes par an, généralement au printemps et en automne, les meilleures saisons.
Il a également voulu parler de trois amis et collègues youtubeurs français qui sont également basés dans le pays : Jisoo de Korea Dash, Jake de The Korean Dream et Fabien Yoon, avec qui il entretient des relations très étroites. Le premier traite davantage d’aspects sociaux, le second propose principalement des contenus culturels et linguistiques et le troisième est connu pour son éclectisme.
Sa prochaine vidéo présentera les plats que les Coréens adorent manger en hiver : sundaeguk (soupe au boudin), cheonggukjang (soupe à la pâte de soja fermentée), doganitang (ragoût de bœuf et d’os) et sundubu.jjigae (ragoût à base de tofu).
Propos recueillis par Xavier Baldeyrou