Le saviez-vous ? L’histoire du marché des Carmes de Toulouse

Le marché carmélite n’a pas toujours ressemblé à ce que nous connaissons aujourd’hui. Il s’agissait à l’origine d’une salle métallique construite selon les plans de l’ingénieur Charles Cavé. Le marché ouvre en 1892, à peu près en même temps que ses homologues de Victor-Hugo et de Saint-Cyprien. Les halles des Carmes faisaient en effet partie d’un réseau de halles destinées à approvisionner la Ville Rose. Aujourd’hui encore, le marché des Carmes reste l’un des principaux marchés alimentaires de Toulouse.
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Du couvent au marché
Avant le marché, une toute autre institution s’élevait sur la place des Carmes au XIIIe siècle. En effet, un couvent de l’ordre des Carmélites est installé sur ce site depuis près de six siècles. Il se composait de l’église carmélite, construite en 1266, d’une chapelle dédiée à la Madonna del Carmine, de deux cloîtres, de bâtiments conventuels, d’un corps de logis et d’un jardin. Puis, à la Révolution, tout cela est devenu propriété nationale. En 1796, l’administration voulut acquérir le couvent pour l’utiliser comme halle aux céréales. L’édifice est ensuite détruit en 1808. Il ne reste que trois statues ornementales et dalles funéraires de ce couvent au musée des Augustins à Toulouse.
Après avoir reçu diverses affectations, de la caserne à la réserve pour l’administration en passant par la salle de bal, les bâtiments, presque entièrement en ruine, sont rachetés en 1807 par la Municipalité à l’État. Et ce, pour la modique somme de 66 000 francs or. Ils seront démolis l’année suivante pour permettre l’aménagement d’une place. En 1813, le marché aux herbes s’installe sur la place, avant de devenir le marché couvert des Carmes.
Démolition du couvent des Carmélites en 1809. © Pomian / Archives municipales de Toulouse
Une architecture de métal et de verre
Autrefois, le marché des Carmes de Toulouse se distinguait de ses homologues par son architecture, principalement en métal et en verre. A l’époque, ce matériau était en effet peu utilisé pour les grandes constructions en France. Son originalité résidait aussi dans les « colonnes élancées en fonte et ses terres cuites vernissées colorées », rappellent les archives municipales de Toulouse.
Construit sur un dessin de Charles Cavé, « le marché avait un plan octogonal surmonté d’un dôme orné de lucarnes et d’une partie inférieure vitrée », selon la description des archives de la ville. On y découvre quatre pavillons d’entrée monumentaux couronnés par un fronton central. A cette époque, les marchands étaient abrités à l’extérieur par un auvent qui faisait le tour du marché. A leur demande, en 1894, les quatre grilles d’entrée sont modifiées pour les protéger du vol et des intempéries. C’est ainsi que les portes ont été érigées pour empêcher d’éventuelles prises de contrôle par des voleurs.
Du métal au béton
L’histoire du marché toulousain des Carmes prend une tout autre tournure à la fin du XXe siècle. En effet, entre décembre 1963 et février 1964, la salle métallique des Carmes est démantelée après 70 ans d’activité. Et ce, pour faire place à un bâtiment hybride plus moderne conçu par l’équipe de renommée internationale Candilis, Josic, Woods.
Destruction de la Halle des Carmes le 7 février 1964. © Fonds André Cros / archives municipales de Toulouse / CC BY-SA 4.0
Ce nouveau bâtiment, composé d’un marché, d’un parking et d’un immeuble de bureaux, se dresse encore aujourd’hui fièrement sur la place du même nom. Inauguré en 1966 par le maire de l’époque, Louis Bazerque, le nouveau marché se distingue une fois de plus par son architecture contemporaine et la juxtaposition de figures géométriques. Cela lui a permis de recevoir le label « Patrimoine du 20ème siècle ». Aujourd’hui, comme le marché Victor-Hugo, le marché des Carmes rythme la vie de son quartier. Les Toulousains viennent ici s’approvisionner en légumes et fruits exotiques, viandes et charcuteries, fromages, pains et pâtisseries. Tout autour, les restaurants de quartier battent leur plein et contribuent au dynamisme de la place. Un endroit très prisé des toulousains aux palais pointus.
L’actuel marché et parking des Carmélites. © Spech / Shutterstock.com
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