trois héroïnes en furie pour Noël

Paris, septembre 1985. Stella, 17 ans, fréquente la dernière année du lycée parisien, mais délaisse ses études et ne semble pas se soucier de devoir passer son bac en fin d’année scolaire. Accompagnée de ses amis issus d’un milieu social bien plus favorisé que le sien, cette fille de modestes cafetiers passe ses journées à rêvasser, à jouer au flipper et, le soir, fréquente les Bains Douches, un club branché des Halles où se consacre la jeunesse dorée. à l’exaltation de tous les sens. Dans ces lieux ultra « choisis » où sa beauté juvénile et son sens du style lui servent de graines de sésame, Stella tombe éperdument amoureuse d’un petit garçon qui danse comme un dieu et qui, à certaines heures pâles de la nuit, compose et joue la musique.
Électrique et imparable
En 2008, Sylvie Verheyde signe Stella, le portrait d’une pré-adolescente et de la classe ouvrière scolarisée en sixième dans un prestigieux lycée parisien. Quatorze ans plus tard, la cinéaste redécouvre son personnage, désormais une petite fille au regard têtu et aux humeurs capricieuses, et elle filme ses désirs encombrants, ses relations complices mais complexes avec ses parents et amis et les écueils du déterminisme social. la menacer. Avec son énergie électrique, sa bande-son imparable (New Order, Tom Tom Club, LKJ…) et ses séduisantes jeunes actrices, dont la révélation Flavie Delangle, dans le rôle principal, cette histoire de libération adolescente sonne vraie et émouvante.
« Stella est amoureuse », de Sylvie Verheyde. Sortie le 14 décembre.
2. « Corsage » : la révolte impériale
Sissi nettoyée au karcher ! Dans Corsage, plusieurs décennies après la saga kitsch incarnée par Romy Schneider dans le rôle de l’impératrice Elisabeth d’Autriche, la réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer affronte l’héroïne poussiéreuse et signe un film qui n’a aucun rapport avec ladite saga. Dans le bien intitulé Corsage, la réalisatrice met en scène son personnage fin 1877, alors qu’elle a 40 ans, un âge alors considéré comme canon. Mariée à l’Empereur François-Joseph, Elisabeth meurt d’ennui dans ses palais majestueux et ne supporte plus de respecter les protocoles, les régimes et les habitudes et coutumes vestimentaires qui la gênent corps et âme.
Sissi réinventée
Incarnation de la beauté aux yeux du monde, l’héroïne joue peu à peu la carte de l’effacement, quitte à envoyer des jeunes filles qui lui ressemblent aux cérémonies officielles prendre la pose derrière le voile. Marie Kreutzer peint avec ironie le ridicule dans le chaos de la cour d’Autriche, raconte avec ferveur les tourments d’une héroïne en guerre contre les conventions liberticides et, malgré les longueurs et la préciosité esthétique, signe un film qui offre un point de vue singulier sur un » » personnage de l’histoire du cinéma. Une autre Sissi à découvrir pour les vacances.
« Corsage » de Marie Kreutzer. Sortie le 14 décembre.
3. « Le passager »: la tempête de la passion
Elle ignore tout de la dure réalité du monde de la pêche, de la violence des petits matins en haute mer, des imperméables trempés qui font office de seconde peau, des odeurs tenaces des poissons qui ne lâchent rien.. Chiara, 45 ans, vit et travaille depuis deux décennies sur une île au large de la côte atlantique avec son mari, Antoine, et entretient des relations étroites avec les habitants qui sont devenus ses amis. L’arrivée dans ces terres austères de Maxence, un garçon de vingt ans engagé comme apprenti sur le bateau d’Antoine, va bientôt bouleverser l’existence de Chiara, irrépressiblement attirée par ce jeune homme en âge d’être son fils.
Dur et brûlant
La passion a ses raisons que la raison ignore. Avec ce sujet indestructible, la réalisatrice Héloïse Pelloquet, dans son premier film, met en scène une fiction amère et brûlante où elle suit pas à pas une héroïne (Cécile de France, sans faille) qui doit composer avec ses désirs contradictoires, le sens de culpabilité qui les lie et le regard des habitants de l’île qui observent avec mépris cette femme adultère qu’ils ont aimée hier. Aux antipodes du parisien souvent utilisé dans le cinéma français, ce premier essai tourné au plus près des éléments naturels et du monde du travail en mer étonne et convainc par sa simplicité et sa sensualité. Initialement prévu pour une sortie en salles le 14 décembre, The Passenger, Lest, Maybe, of Being Overwhelmed by the Avatar Tornado, en salles le même jour, sortira enfin sur les écrans le 28 décembre. Très recommandable entre deux réveillons de Noël.
« Le Passager », d’Héloïse Pelloquet. Sortie le 28 décembre.