Avec la disparition d’Angelo Badalamenti, David Lynch perd son compositeur fétiche

Après Bernard Herrmann avec Alfred Hitchcock ou Nino Rota avec Federico Fellini, il forme avec David Lynch l’un des plus célèbres couples cinéaste-compositeur. Le musicien américain Angelo Badalamenti est décédé dimanche 11 décembre à son domicile de Lincoln Park, dans le New Jersey, a annoncé sa famille. Il avait 85 ans.
Lorsqu’il disparaît, le thème de Twin Peaks (1990) vient d’abord à l’esprit. Une puis deux notes jouées à la guitare baryton avec effet trémolo, un dialogue minimaliste avec un piano électrique puis l’entrée des synthétiseurs. Un motif étrange qui suscite un sentiment de tristesse puis d’évasion.
Badalamenti a rencontré Lynch en 1986. Le réalisateur d’Elephant Man cherchait un doubleur pour Isabella Rossellini dans Blue Velvet, et Rossellini a fini par signer la partition. Lynch a des idées sur la musique, une ambition généralement redoutée par les compositeurs. Au piano, Badalamenti se met au travail, regarde à peine les images et s’entretient avec le metteur en scène qui lui parle de la Symphonie n°1. 15, de Chostakovitch, et d’une « beauté éthérée ».
Nappes synthétiques
Il suivra un thème plutôt dans le classicisme hollywoodien et, pour l’éther, les nappes synthétiques de Mysteries of Love, une chanson interprétée par Julee Cruise, dont la voix a été recommandée par Badalamenti. Encore une fois Lynch a un modèle en tête : la reprise de Song to the Siren, de Tim Buckley, par le groupe This Mortal Coil associé à Elizabeth Fraser. Badalamenti importera ainsi la dream pop écossaise dans le cinéma américain.
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Ce qu’un cours a commencé à Brooklyn ne pouvait pas suggérer. Né le 22 mars 1937 à New York, Angelo Badalamenti a commencé à jouer du clavier à l’âge de 8 ans et a reçu une formation académique en composition, piano et cor. Son frère, trompettiste, l’initie également aux plaisirs du jazz. Sous le pseudonyme d’Angelo (ou Andy) Badale, il a travaillé comme compositeur et orchestrateur et s’est fait connaître en 1966, lorsqu’il a co-écrit deux chansons de l’album High Priestess of Soul de Nina Simone, I Hold No Grudge et He Ain I will never go. à nouveau à la maison.
Plus décisive est sa collaboration en 1967 avec le duo de musique électronique formé par le français Jean-Jacques Perrey et l’allemand Gershon Kingsley (futur auteur du succès mondial Popcorn). Mais Badalamenti est encore dans l’ombre lorsqu’il décide, en 1981, de sortir un curieux album sous le nom de The Andy Badale Orchestra. Comme annoncé, le Nashville Beer Garden est un hommage à la polka allemande enregistrée dans la capitale du pays.
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