La chanteuse Zaho de Sagazan rêve d’amour fou

Il n’a pas encore sorti son premier album, annoncé pour le printemps, que son agenda 2023 est déjà bien rempli, entre festivals (Europavox, à Clermont-Ferrand, et Les Vieilles Charrues, à Carhaix, en juillet) et concerts à son nom (au Trianon, à Paris, le 18 avril). Basé sur trois pièces (La Déraison, Suffisamment et Les Dormantes) livrées sur scène, quelques premières parties (dont un Olympia en rideau d’Hervé), le prix 2022 du festival Chorus, des pièces remarquées aux Francofolies de La Rochelle et à le Rock en Seine et, enfin, une création aux Transmusicales de Rennes, en 2022.
A 22 ans, Zaho de Sagazan devrait être celle qui peut insuffler une nouvelle vie à l’écriture française avec son timbre expressif de mezzo-soprano. « Quand j’étais petite, mes parents avaient peur qu’on se moque de moi, raconte-t-elle quand même. J’avais vraiment une voix spéciale, beaucoup plus profonde que tous les autres garçons et filles. Pour la trouver, je suis passé par plusieurs étapes, du nasillard au poli. »
La prise sur son compte Instagram de Dis, quand tu reviens ?, de Barbara, donne une première indication des influences de cette Nazairienne installée à Nantes. Incontournable également, l’autre monument qui domine son panthéon personnel : « La première fois que j’ai vu les images de Brel chantant Ces gens-là j’étais sans voix, puis je les ai regardées cinquante fois de suite. J’ai vu cette maison et cette table avec des gens assis autour. J’ai découvert la possibilité de raconter des histoires à travers la chanson. Parlez autant que possible en trois minutes et très peu de mots. Avant mes 13 ans, j’écoutais des chansons françaises à la maison grâce à ma mère, une enseignante qui adore la langue. A partir de ce moment, j’ai commencé à les écouter. »
« Intimidation pour hypersensibilité »
La passion se lit dans le regard malicieux, et l’enthousiasme résonne dans les réponses ponctuées de « tout droit ! » « Harcelée pour hypersensibilité » dans son enfance, la fille du plasticien (peinture, sculpture, performance) Olivier de Sagazan n’a d’abord pas su canaliser ses débordements : « C’était l’enfer, jusqu’à la musique ça me donnait confiance . Je pleurais tous les jours et j’avais l’impression d’être incompris. Toujours à 13 ans, elle abandonne la danse « pour découvrir l’ennui », qu’elle occupe en écoutant à plusieurs reprises le chanteur et pianiste britannique Tom Odell. « Je voulais être comme lui. Il y avait un piano dans une pièce très froide de la maison, j’y suis allé, pour ne plus jamais le quitter. J’ai commencé à écrire convaincu que j’écrirais de grandes chansons ! Aujourd’hui, bien sûr, j’ai beaucoup plus de doutes… » Alors il s’appuie sur l’adage brésilien « Le talent, c’est de la sueur. »
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