La voix de Barbara résonne toujours, 25 ans après sa disparition

AFP, publié le mardi 15 novembre 2022 à 5h41
« Elle est intemporelle » : la chanteuse Barbara est décédée il y a un quart de siècle, mais la carrière et l’œuvre de « La dame en noir » font toujours sens pour les artistes d’aujourd’hui.
« Il y a un renouvellement des générations qu’on ne retrouve pas sur d’autres artistes : tant de jeunes talents prennent la relève ou s’inspirent de Barbara, c’est très surprenant », explique Bruno Haye, chef de projet à l’AFP. pour la sortie d’un coffret collector.
« Barbara, complete 25th Anniversary » est composé de 29 CD, réunissant pour la première fois tous les enregistrements studio et live.
Le créateur de « L’aigle noir » est décédé le 24 novembre 1997 à l’âge de 67 ans mais reste très présent dans le panorama actuel de la chanson française.
Pomme, auréolée des Victoires de la musique en 2021, consacre ainsi un morceau à Barbara, intitulé « B », dans son troisième album « Consolation », sorti en août. « Barbara, ça a été un choc quand j’avais huit ans », a déclaré à l’AFP la chanteuse, qui n’a pas encore 30 ans, lors de la sortie de son disque.
« Dis-moi, tu reviens quand ? », l’un des standards de celle qui s’appelait aussi « La dame brune », a été capté sur ses réseaux sociaux par Zaho de Sagazan, une chanteuse montante que le toute l’industrie musicale en parle alors que son premier album est en préparation.
– « Messages » –
Rien d’étonnant pour cette artiste entre chanson et électronique qui s’est imprégnée d’artistes « habités » – Barbara, Jacques Brel, Janis Joplin – comme elle l’a confié à l’AFP lors de son passage au festival Rock en Seine près de Paris fin août.
« Beaucoup de ses chansons me sont bien revenues, +Mon enfance+ est l’une des plus belles pour moi », avoue également à l’AFP Suzane, qui entremêle chansons et paroles/électro et vient de sortir un deuxième album, « Caméo ».
« Elle a une belle histoire, en tant qu’artiste et en tant que femme, elle a réussi à parler avec brio de nombreux sujets dans ses chansons, comme +L’aigle noir+ (sur l’inceste, ndlr) ou +Göttingen+ (réconciliation franco-allemande). après la seconde guerre mondiale), » poursuit Suzane.
Au-delà de ces « titres émouvants que tout le monde a décodés », Bruno Haye souligne que Barbara « portait la plupart du temps des messages dans la quasi-totalité de ses chansons ». « Si on écoute attentivement, on se rend compte qu’il écrivait des choses fortes il y a plus de quarante ans comme +Ni beau ni bon+ ». Dans cette pièce, Barbara joue avec son image pour parler des jeux amoureux et des étiquettes attachées aux femmes. Sur un ton doux-amer, avec un sens de l’image très poussé pour un titre sorti dans les années 1960.
– « Incarnation » –
Suzane a même « lu sa biographie » lorsqu’elle a débarqué à Paris il y a quelques années de son Avignon natal pour travailler dans un restaurant tout en rêvant d’être chanteuse. « Barbara s’est émancipée par son art, elle est intemporelle », commente la révélation sur scène aux Victoires de la musique 2020.
La scène était le propre jardin de Barbara. La ferveur de son public la pousse à lui dédier l’un de ses titres les plus célèbres, « Ma plus belle histoire d’amour, c’est toi ». L’intensité de ses performances au piano dans les salles parisiennes – Bobino, Olympia, Châtelet, Mogador – ou en banlieue – Pantin – ont forgé sa légende.
« L’incarnation des chansons a évidemment joué un rôle dans son mythe, comme dans ces vidéos où on la voit pleurer pour certains titres », décortique Bruno Haye. Et de conclure : « Mais ce personnage de +La Dame en noir+, l’a aussi utilisé comme écran de fumée ; en parlant à ses musiciens, on se rend compte qu’elle pouvait être tellement marrante dans la vie, qu’elle s’apprêtait à boire un verre avec elle amis au bistrot. ».