L’artiste congolaise Tshala Muana, «reine du Mutuashi», est morte

Publié : 10/12/2022 – 23:11 Modifié : 11/12/2022 – 00:38
Tshala Muana est décédée samedi 10 décembre à l’âge de 64 ans à Kinshasa. Surnommée « Mamu Nationale » et « la reine des Mutuashi », genre traditionnel du Kasaï, Tshala Muana était également bien connue en Afrique de l’Ouest, notamment au Bénin.
Choriste d’abord aux côtés de Laurent Galans, puis avec l’orchestre Minzoto Wella Wella, Tshala Muana devient danseuse dans le groupe de la chanteuse M’pongo Love, puis dans celui d’Abeti Masikini à Kinshasa. C’est plutôt en Côte d’Ivoire que la Congolaise est devenue chanteuse, poussée par sa compatriote, la guitariste Souzy Kaseya, rapporte notre correspondante à Kinshasa, Kamanda wa Kamanda Muzembe.
C’est ainsi qu’est né le Mutuashi, musique traditionnelle du Grand Kasaï. « Il a su magnifier cette culture de notre pays, témoigne le journaliste Jean-Marie Kassamba. C’était une grande dame, dans l’âme, une grande professionnelle, une femme de conviction. Personne ne parlera de la culture Luba [nom de la tribu de Tshala Muana, NDLR] On l’appelait « Mamu Nationale », car elle incarnait précisément cette maternité. »
En 1997, Tshala Muana revient au pays pour faire campagne aux côtés du nouveau président Laurent-Désiré Kabila. Elle devient députée grâce à ce dernier et à son combat pour les femmes, mais est vite submergée par sa première passion, la musique. « L’album Malu qui annonce son retour sur scène en fanfare, explique Mamie Ilela, de la Radiotélévision nationale congolaise. « Mamu Nationale » quitte la terre des hommes à 64 ans, dont plus de 40 d’une carrière musicale. »
Intronisée par les chefs réguliers du Grand Kasaï pour sa contribution à la promotion de la culture Luba, du nom de sa tribu, Tshala Muana a reçu de nombreuses décorations tout au long de sa carrière musicale.
Grand succès en Afrique de l’Ouest, notamment au Bénin
A Cotonou, où elle s’est produite à plusieurs reprises en concert, Tshala Muana était omniprésente dans la programmation des radios et des boîtes de nuit. Sa mort rappelle aux mélomanes des souvenirs des années 1980 et au-delà, rapporte notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan.
« Mon père m’a montré une photo avec Tshala Muana, c’était lors d’un concert à Cotonou », raconte un passant. « Quand on faisait des fêtes, quand il n’y a pas de titre Tsahala Muana, il n’y a pas de fête », résume un autre. « Quand ma mère l’entendait chanter, elle nous demandait d’augmenter le volume de la radio » ; « Tout d’abord, elle est belle, elle chante bien, danse bien… »
Une reine est morte pour le peuple béninois : celle de Mutuashi, dansant avec billard, trou du cul, nombril nu et jupe fendue sur le côté. Une chorégraphie ou une séquence de Mutuashi sur scène a toujours été parmi les temps forts des concerts de Tshala Muana, ce qui a suscité de nombreux fantasmes dans le public.
Il ne s’agit pas seulement de danser. Dans un de ses tubes, la chanteuse rassure une rivale qui lui vole son homme et lui dit : « Amina, je ne vais pas t’en vouloir, un homme c’est comme un lit d’hôpital qui accueille tous les malades. »