Vidéo. Izïa face aux lecteurs de Sud Ouest : « Il n’y a plus vraiment de règles, c’est devenu globalement l’anarchie »

Venue présenter son cinquième album, « Speed », Elle est telle qu’on l’imagine…
Venue présenter son cinquième album, « Speed », elle est comme on l’imagine : « naturelle, hyper-émotive », pose Virginie, à l’issue des 45 minutes d’échanges. Avec son flux de mitrailleuse, Izïa ne craint pas les filtres. Elle est unanimement plébiscitée pour sa franchise et son énergie : et comme cet hiver semble nous manquer, autant dire que le sien fait un bien fou.
Morgane, 36 ans, Corme-Écluse. Avant tu étais très rock. Vous êtes passé à un style plus décontracté. Comment voyez-vous les critiques de ceux qui vous ont préféré en tant que rockeur ?
Je ne vais plus sur Facebook donc j’échappe aux critiques de ce genre. J’adore écrire en français, c’est beaucoup plus excitant. Le rock que j’ai pu faire dans le passé ne se prêtait pas à l’écriture en français. Autant les critiques peuvent me toucher, autant elles me tombent dessus. Le rock est toujours mon ADN artistique. En concert, les morceaux du dernier album tels que « Black Star », « Who We Are », « Dehors (c’est la vie) », « La Vitesse » prennent une dimension all-rock.
Thomas, 43 ans, Nieul sur Mer. Vous aviez en partie préparé la tournée avant La Sirène…
J’ai une histoire avec les Sirènes et avec La Rochelle. Quand j’étais petit, je venais souvent aux Francofolies avec mon père (NDLR : Jacques Higelin). Il a eu une belle histoire avec le festival, avec Jean-Louis Foulquier, je suis tellement content d’y retourner cet été. J’ai des souvenirs très, très précieux de lui, c’était sa plus grande scène de festival depuis longtemps, je l’avais vu monter sur scène comme si c’était sa première fois. Il en est ressorti plein d’énergie. C’était vraiment émouvant.
« Je m’en fous si tout tombe à l’eau, mais il y a les fondamentaux, les gars ! » « Je suis très content car j’ai une place en or, je me considère heureux d’avoir retenu des gens à travers les concerts. C’est là que vous vous connectez avec les gens. »
Jean-Christophe Sounalet/« SUD OUEST »
Thomas. Comment cette tournée a-t-elle été préparée ?
Nous avons eu de nombreuses résidences avec de nombreux changements. C’est vraiment la semaine dernière à Clermont-Ferrand que nous avons trouvé notre rythme de croisière. Il faut du temps pour avancer […] Il n’y a plus de règles, c’est devenu l’anarchie en général, que ce soit la préparation de concerts ou d’albums. Certains vous font des rééditions avec 24 titres ! Autant sortir des triples albums…
« Sud-ouest ». L’anarchie est-elle si mauvaise ?
C’est toujours l’anarchie, dans l’ensemble. Le problème est que nous sommes dans une semi-anarchie. Et puis, c’est un peu la guerre. Vous devez occuper le terrain 100% du temps. Si vous vous arrêtez cinq minutes pour faire pipi, il y a 20 personnes qui prennent votre place.
Je suis très content car j’ai une place en or, je me considère heureux d’avoir retenu des gens à travers les concerts. C’est là que vous vous connectez avec les gens. Je ne vais pas tordre l’album en ajoutant dix chansons qui déconstruiront l’histoire. Il doit encore y avoir des gens qui gardent le temple ! Ça ne me dérange pas que tout tombe à l’eau, mais les fondamentaux sont là, les gars ! À l’époque, être artiste impliquait un style de vie qui impliquait de vivre à la limite; les artistes d’aujourd’hui sont devenus p… des silos d’affaires, avec des plans d’affaires, des trucs, des trucs. Je ne suis pas déconnecté de ce monde mais je veux mon rythme de vie et ne pas avoir le nez plongé dans les chiffres.
Virginie, 46 ans, La Rochelle. Avez-vous d’autres projets au cinéma ?
A la fin de la tournée, je continue avec le tournage du prochain film de Blandine Lenoir. Son film « Annie Colère » est très bien, je vous encourage à aller le voir. Je suis dans le rôle principal et je suis tellement heureuse, c’est une réalisatrice que j’adore, très féministe, son univers est magnifique. Je devais aussi tourner un film à l’automne, mais je vais me concentrer sur la tournée. Parfois ils me disent : « Et le théâtre ? Et la réalisation ? Je réponds : « Hé les gars, vous ne vous en rendez pas compte ! Avec ce qu’il y a déjà à faire, plus le temps qu’il me reste à m’en foutre, après je n’en peux plus. »
Caroline, 44 ans, La Rochelle. Dans ce dernier album, j’aime beaucoup son ton électronique. Je me suis vraiment retrouvé dans cet album. Votre chanson « Dehors (c’est la vie) » m’a accompagné pendant la crise.
« Dehors (c’est la vie) », comme beaucoup de mes chansons, a une double lecture.
Jean-Christophe Sounalet/« SUD OUEST »
Jean-Christophe Sounalet/« SUD OUEST »
Jean-Christophe Sounalet/« SUD OUEST »
Morgan. Comme « Tristesse ». Quand j’ai vu le titre, je m’attendais à beaucoup pleurer. Et en fait je l’ai installé dans la maison.
Au festival Rock en Seine, j’ai tapé sur cette chanson en souriant d’une oreille à l’autre et je trouve que c’est vraiment bien. Avec « Dehors (c’est la vie) », je fais référence au déconfinement quand du coup on nous a dit : « Allez, maintenant il faut sortir ! Tout le monde doit retourner chez Sephora, c’est très important. Je n’en avais pas du tout envie. C’est là que je me suis reconfiguré en studio. C’était une période très compliquée pour moi mais pas par peur du virus. J’ai l’impression qu’on n’est plus les mêmes, que quelque chose s’est cassé, pas forcément dans le mauvais sens.
« Lors de cette tournée, je me rends compte que je construis une histoire avec les gens. Cette affaire commence à devenir sérieuse. » La rencontre a eu lieu le vendredi 16 décembre, dans un studio d’enregistrement de La Sirène.
Jean-Christophe Sounalet/« SUD OUEST »
Patrice, 41 ans, Saint-Xandre. D’où tirez-vous votre énergie?