Vingt cinq ans après sa disparition la voix de Barbara résonne toujours : l’intégrale de ses enregistrement revit dans un coffret collector

« Elle est intemporelle »: la chanteuse Barbara est décédée il y a un quart de siècle, mais sa carrière et son travail ont toujours un sens pour les artistes d’aujourd’hui. « Il y a un renouvellement des générations qu’on ne retrouve pas chez d’autres artistes. Beaucoup de jeunes talents prennent le relais ou s’inspirent de Barbara. C’est très surprenant », note Bruno Haye, chef de projet pour une sortie en coffret collector. Barbara, Complete 25th Anniversary se compose de 29 CD, réunissant pour la première fois tous ses enregistrements studio et live.
L’édition limitée et numérotée de Barbara complète le 25e anniversaire (2022). (RD)
Le créateur de L’aigle noir est décédé le 24 novembre 1997 à l’âge de 67 ans, mais reste très présent dans le paysage actuel de la chanson française. Pomme, auréolée des Victoires de la musique en 2021, consacre ainsi un morceau à Barbara, intitulé B, sur son troisième album Consolation, sorti en août. « Barbara, ça a été un choc quand j’avais huit ans », a déclaré à l’AFP la chanteuse, qui n’a pas encore 30 ans, lors de la sortie de son disque.
Dis-moi, quand reviendras-tu ?, l’un des standards de ce qu’on appelait aussi « La dame en noir », a été repris sur ses réseaux sociaux par Zaho de Sagazan, un chanteur émergent qui a fait parler de toute l’industrie musicale lors de la sortie de son premier album Préparation. Rien d’étonnant pour cette artiste entre chanson et électro qui s’est imprégnée d’artistes « habités » – Barbara, Jacques Brel, Janis Joplin – comme elle l’a dit lors de son passage au festival Rock en Seine aux portes de Paris fin août.
« Beaucoup de ses chansons me sont bien revenues. Mon enfance est une des plus belles pour moi », avoue aussi Suzane, qui mixe chansons avec paroles/électro et vient de sortir un deuxième album, Caméo. « Elle a une longue histoire, en tant qu’artiste et en tant que femme, elle a réussi à parler avec brio de nombreux sujets dans ses chansons, comme L’aigle noir (sur l’inceste) ou Göttingen (la réconciliation franco-allemande après la Seconde Guerre mondiale) », a-t-elle ajouté. poursuit Suzane.
Au-delà de ces « titres émouvants que tout le monde a décodés », Bruno Haye souligne que Barbara « portait la plupart du temps des messages dans la quasi-totalité de ses chansons ». « Si on écoute bien, on se rend compte qu’il a écrit des choses fortes il y a plus de quarante ans comme Ni belle ni bonne ». Dans cette pièce, Barbara joue avec son image pour parler des jeux amoureux et des étiquettes attachées aux femmes. Un ton doux-amer, avec un sens de l’image très poussé pour un titre sorti dans les années 60.
Suzane a même « lu sa bio » lorsqu’elle a débarqué à Paris il y a quelques années de son Avignon natal pour travailler dans un restaurant tout en rêvant de devenir chanteuse. « Barbara s’est émancipée par son art, c’est intemporel », commente la révélation scénique aux Victoires de la musique 2020.
La scène était bien le jardin de Barbara. La ferveur de son public la pousse à lui dédier l’un de ses titres les plus célèbres, « Tu es ma plus belle histoire d’amour ». L’intensité de ses performances au piano dans les salles parisiennes – Bobino, Olympia, Châtelet, Mogador – ou en banlieue – Pantin – ont forgé sa légende.
« L’incarnation des chansons a évidemment joué un rôle dans son mythe, comme dans ces vidéos où on la voit pleurer sur certains titres », se souvient Bruno Haye. Et de conclure : « Mais ce personnage de +La dame en noir+, elle s’en servait aussi comme écran de fumée ; en parlant à ses musiciens, on se rend compte qu’elle pouvait être tellement marrante dans la vie, qu’elle irait boire un verre avec elle amis au bistrot ».